pratiquer le yoga quotidiennement

Faut-il pratiquer le yoga tous les jours ?

Quand on débute le yoga, c’est une question qui arrive  assez vite, si ce n’est dès le premier cours : faut-il pratiquer le yoga tous les jours ? Oui, absolument.  Non, certainement pas. Merci, au revoir. Évidemment, impossible de penser que cette question se résoudrait aussi simplement. Pourtant, ils sont nombreux les yogis à avoir un avis très tranché, qui reflète en général leur propre rapport à la pratique du yoga. Alors qu’en est-il pour tous les autres pratiquants qui se posent cette question parfois à la limite de la culpabilité ? Il est temps de faire tomber le mythe en voyant plus loin que le bout de son tapis de yoga. 

Pratiquer le yoga tous les jours, c'est très facile !

Faut-il quantifier tous les jours sa pratique de yoga ?

Je choisis d’être légèrement dans la provocation ici, parce que ça me donne l’occasion de rappeler que la définition que l’on se fait d’une pratique de yoga quotidienne peut très largement varier d’un yogi à un autre.

Si l’on parle des asanas, cela peut être cinq salutations au soleil tous les matins au réveil en pyjama à attendre que le café chauffe, mais cela peut aussi être un enchaînement complet de postures de yoga pendant une ou deux heures avec plus ou moins d’intensité. 
Lequel de ces profils de yogis est-il le plus authentique ? Difficile à dire, n’est-ce pas ? Lorsque l’on admet que le yoga s’inscrit dans la démarche d’une meilleure hygiène de vie, il n’est pas étonnant d’en faire une habitude qui s’ancre profondément dans notre organisation, mais de là à en devenir esclave ? Hem, hem…

Comment faire du yoga au quotidien

Les obligations diverses de chacun ne nous rendent pas tous égaux quant au créneau que l’on est capable de consacrer au yoga.  Eh oui, la vie est injuste et, contrairement à ce que l’on pourrait penser, un prof de yoga n’est pas plus à même de se dégager tous les jours leurs deux heures de séance personnelle de pratique. Enseigner n’est pas pratiquer et plus on donne de cours, moins on a le temps de s’adonner à sa passion… Dure réalité à considérer très sérieusement lorsqu’on envisage une carrière dans l’enseignement du yoga.

N’oublions pas que le yoga ne se limite pas à la pratique physique. Parmi les sept autres branches du yoga, il existe de nombreux moyens de tendre tous les jours vers l’union du corps et de l’esprit. La respiration (consciente, évidemment, telle que le Pranayama) en est une, au même titre que la méditation. Mais plus généralement, si vous vous efforcez au quotidien de prendre soin de vous et des autres, alors rassurez-vous : vous pratiquez bel et bien le yoga tous les jours ! Vous pouvez donc vous détendre avant que l’on aborde le vrai fond de la question, celle qui porte sur l’exercice physique. 

Pratiquer les asanas tous les jours, c'est discutable !

Les préconisations strictes de certains styles de yoga

Rentrons maintenant dans le vif du sujet des asanas et du travail régulier de force, d’équilibre et de souplesse. Certaines écoles de yoga ont des préconisations très strictes en ce qui concerne l’usage de leurs séquences d’asanas. L’Ashtanga Yoga est peut-être la tradition la plus exigeante à ce propos : il faut pratiquer quotidiennement au lever du soleil (non, vous ne rêvez pas espèce d’oiseau de nuit !) et le ventre vide, à l’exception des jours suivants : les samedis, à la nouvelle lune, à la pleine lune et le premier jour des menstruations. 

pratiquer le yoga excessivement

Vous m’avouerez que le mode de vie occidental se prête assez peu à ces règles… Pour ceux qui peuvent se le permettre, tant mieux ! Mais pour les autres, il se pourrait bien qu’ils se sentent dépassés ou en échec. À défaut de pouvoir faire « comme il faut », ils sont alors tentés de ne rien faire. Or, tout le monde du Hatha yoga en général est d’accord sur un point : il vaut mieux faire un peu de yoga que pas de yoga du tout ! 

Dans un autre genre, le Yoga Bikram incite les yogis, dès leurs débuts, à faire régulièrement des challenges de 30 jours ou de 60 jours consécutifs de yoga. Comme le dit le créateur de la méthode, Bikram Choudury : « Donnez-moi 30 jours et je changerai votre corps, donnez-moi 60 jours et je changerai votre vie ! »  Quand on veut intégrer la série de postures rapidement et observer des changements immédiats, c’est effectivement une expérience très positive. Le fait de s’étaler sur une période donnée rend le défi tout à fait tenable et raisonnable. Mais souvent, la dépendance pointe son nez et il n’est pas rare de voir d’autres types de challenges de yoga quotidien émerger sur 365 jours, voire plusieurs années. C’est comme si le yogi était pris dans un engrenage qui le dépasse. La situation est-elle voulue ou subie ? Selon la personnalité du pratiquant, il sera plus ou moins compliqué d’analyser les faits avec discernement. 

yoga-bikram-tous-les-jours

« Donnez-moi 30 jours et je changerai votre corps, donnez-moi 60 jours et je changerai votre vie ! » Bikram Choudhury

De l'hygiène de vie à l'addiction au yoga

Si vous avez une vie déjà bien remplie, vous vous dites probablement : « Comment pourrais-je caser 90 minutes de cours, plus le trajet jusqu’au studio de yoga, ainsi que la douche et la lessive de mes brassières, leggings et serviettes tous les jours tout en travaillant et en gérant ma famille ?  » et vous avez raison… Vous ne devriez jamais vous sentir forcé de répondre aux injonctions culpabilisantes du style ; « quand on veut, on peut » ou encore « quand on n’a pas le temps, on le crée » !

Je me suis toujours méfiée des comportements excessifs, pour ne pas dire obsessionnels. D’ailleurs, je vous en parlais déjà ici à propos de la quête incessante de souplesse. J’aime les attitudes pondérées et tout en nuances. J’ai beau être admirative de la discipline de certains yogis qui consacrent quatre heures quotidiennes à leur pratique avancée de yoga, au détriment de leur vie sociale, par exemple, je sais que je ne pourrais jamais être comme eux. Inutile, par conséquent, d’espérer obtenir les mêmes résultats qu’eux. Mais à quoi bon ? Loin de moi l’idée de les juger, c’est juste que nous n’avons ni les mêmes objectifs, ni les mêmes obligations et c’est très bien comme ça ! 

En vérité, tout dépend de ce que nous procure le yoga, plutôt que de ce qu’il nous prend. Sa pratique est conçue pour nous maintenir en bonne santé physique et mentale, le plus longtemps possible. Il n’y a rien à ajouter à cela. Si votre plaisir est de pratiquer avec acharnement des postures de yoga avancé comme Natarajasana, jusqu’à inonder votre tapis de transpiration, je vous applaudis. Si votre yoga, c’est respirer profondément les embruns marins, je vous dis bravo. Si vous méditez discrètement 5 minutes par jour au bureau devant votre sandwich, je vous tire mon chapeau. Ce qui compte, ce que vous restiez dans la bienveillance envers vous-même et envers les autres. 

Et la récupération dans tout ça ?

De mes 35 ans de pratique sportive intensive, j’ai une certitude absolue : mon corps a besoin de repos pour être performant. J’ai fait des challenges de 30 jours de Hot Yoga et j’ai suivi la formation de professeur de Yoga Bikram qui comporte 99 cours de yoga en neuf semaines. Je n’ai tenu la route que parce que c’était temporaire. Durant le teacher training, nous avions deux cours par jour du lundi au vendredi, un cours le samedi matin et repos le dimanche. Évidemment, toutes ces sessions se faisaient dans la chaleur à 40° et lorsqu’elles ne duraient « que » 90 minutes, on avait l’impression d’avoir gagné la loterie tellement que c’était chose rare ! De plus, j’avais été sélectionnée pour faire partie de l’équipe de démonstration pour la remise des diplômes. Du coup, les trois dernières semaines, on m’a imposé 1 h 30 d’entraînement supplémentaire du lundi au samedi, soit au minimum 4 h 30 d’exercice intensif par jour…

Je ne dis pas ça pour me la jouer surhumaine, c’est même carrément le contraire ! Dans ma tête et à mon échelle, cela relève de l’exploit (accompli par des milliers d’autres profs de Bikram Yoga avant moi) que je suis contente d’avoir réalisé, mais que je n’ai pas l’intention de réitérer cette forme d’entraînement. Sans compter que le contexte a largement favorisé cette « épreuve » puisqu’on n’avait rien d’autre à gérer que la pratique du yoga et l’apprentissage théorique. Mais le fait le plus intéressant pour moi, dans tout ça, c’est que je n’ai pas progressé dans mes asanas durant tous ces cours. J’ai souffert (physiquement et mentalement), je me suis effondrée (physiquement et mentalement), j’ai appris à connaître mes limites et j’ai surtout compris que les journées de récupération sont essentielles à mon équilibre.  

récupération après yoga

Bien sûr, le corps humain est intelligent et dispose de formidables capacités d’adaptation, mais tout comme une posture de yoga résulte d’un savant mélange de contraction et de détente, tout comme le savasana contre-balance les asanas du yoga dynamique, le corps a besoin autant besoin de bouger que d’être au repos. Lui refuser ces phases recharge et de réparation est à mon sens, contreproductif. Mais ce n’est peut-être pas votre cas !

Mon rythme de pratique personnel

Si vous avez la curiosité de savoir comment j’applique à ma pratique personnelle cette vision des choses, eh bien sachez que je suis plutôt irrégulière et que je fonctionne par phase, suivant mes contraintes matérielles (comme quand j’ai mes enfants dans les pattes par exemple), mais aussi selon ce que me dicte mon instinct. En réalité, le yoga prend une grande place dans ma vie, mais il n’est pas prioritaire. 

Je compte des périodes durant lesquelles j’ai beaucoup de mal à m’astreindre à pratiquer ne serait-ce qu’une fois par semaine (d’où cet article sur la motivation quand on pratique seul à domicile), tout comme il m’arrive aussi de faire de longues pauses (je crois que mon maximum a été de trois semaines). Pour tout vous dire, je n’apprécie pas spécialement ces moments, car en l’absence d’étirements, mes articulations s’ankylosent et manifestent des gênes. D’ailleurs, je crois que je trouve malgré tout le moyen de m’étirer sans même en avoir conscience pour pallier ces sensations désagréables…  

étirement de yoga quotidien

Je vis aussi des périodes de pics d’énergie et d’intensité dans le yoga, durant lesquelles je case volontiers mes 10 heures de yoga par semaine. Par contre, j’ai observé que ce sont des phases d’environ cinq à six semaines qui m’imposent ensuite un arrêt d’une dizaine de jours. C’est d’ailleurs marrant de retrouver le même constat dans cet article trouvé par hasard… Je crois bien que c’est ce rythme qui me donne le plus de résultats au niveau de la progression dans les asanas. Quand je reprends après les 10 jours de break, je suis au top de mes capacités : reposée, détendue et pleine d’énergie et d’envie. 

Un autre mode de fonctionnement qui me convient aussi très bien réside plutôt dans un esprit de maintenance. Dans ces cas-là, je pratique le yoga un jour sur deux, ou au moins 3 fois par semaine. C’est un peu mon mode « diesel » qui peut durer des lustres et dans lequel je n’accuse aucune fatigue ni douleur.

Voilà vous savez tout de moi ! Je ne sais pas si ce partage sera très pertinent pour votre cas, mais je préfère être parfaitement transparente et surtout que vous sachiez que n’importe qui peut dévier de sa ligne de conduite ou la changer radicalement sans que cela soit une catastrophe ou une source de mal-être.

Je crois fermement que la clé de tout, c’est l’honnêteté envers soi-même. Pratiquez-vous le yoga tous les jours parce que ça vous fait du bien ou parce que si vous ne le faites pas, cela vous fera du mal ? Votre rapport aux asanas est-il sain ou traduit-il un manque de détachement dont l’origine serait enfouie dans votre vécu ? Nous avons tous des corps différents, des vies différentes, des histoires différentes et nous devons rester seuls maîtres de nos décisions. Et ce n’est pas non plus parce que nous aurons fait le choix d’une discipline de fer que notre corps s’y soumettra docilement. 

Privilégiez toujours la qualité à la quantité gardez bien en tête que votre réalité n’est pas celle de votre voisin de tapis. Progresser en yoga n’a rien à voir avec le fait de s’épuiser sur son tapis ou de sacrifier d’autres sources d’épanouissement pour lui. Par contre, ce qui est facilement quantifiable et vous donnera beaucoup plus de satisfaction dans votre évolution dans le yoga, c’est une certaine régularité. Somme toute, je préfère savoir que vous pratiquerez les asanas qui vous apportent le plus de bienfaits une fois par semaine durant toute votre vie, plutôt que tous les jours de façon obsessionnelle, avec la pression de réaliser des performances et surtout, pour tout stopper net au bout de deux ans, par dégoût. Surtout que maintenant, vous en avez conscience : pratiquer le yoga tous les jours, c’est aussi explorer les préceptes qui s’appliquent en dehors du tapis.

Quel est votre équilibre de pratique du yoga ? Combien de fois par semaine­ ou par mois ? Planifié ou selon l’humeur ? Dites-moi tout en commentaire en bas de page, créons l’échange et le partage <3

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4 réflexions sur “Faut-il pratiquer le yoga tous les jours ?”

  1. Quel article intéressant!! 😊
    Pour ma part, j’essaie de faire 2 séances par semaine mais j’aimerais en faire plus. Malheureusement, mon emploi du temps est souvent bien chargé et j’ai aussi également souvent « mes enfants dans les pattes » comme tu dis 😆, ce qui fait que parfois il faut adapter héhé.

    1. Merci beaucoup pour ton partage ! Oui les enfants ont cette faculté de tout compliquer et du coup, de nous ramener à l’essentiel. Tant qu’on s’amuse et qu’on y trouve son compte, il faut poursuivre sans pression et toujours dans la bienveillance 🙂 Bonne continuation 😉

  2. Je ne pratique pas le Yoga mais la méditation… Je retrouve certains traits communs entre les deux disciplines et cela me tente de plus en plus. La dimension physique peut apporter un plus je pense… Merci pour cet article du coup ! 😊

    1. Merci à toi pour ton commentaire ! Le yoga est aussi appelé méditation en mouvement donc tu as vu juste 😉 Je ne peux que te conseiller de t’y mettre car le seul regret que j’entends constamment chez les pratiquants (moi la première), c’est celui de ne pas avoir commencé plus tôt 😀 à bientôt 😉

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