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Le Yoga Rajeunit ! Entretien avec Luca Cittadini, Champion de Yoga
Vous pensiez que le yoga vous permettait de ralentir les effets du temps ou du moins de bien vieillir ? Eh bien vous aviez tout faux ! Ce n’est pas du tout ça qui est en jeu. En fait, le yoga rajeunit ! Pour tout vous dire, je pensais exactement comme vous jusqu’à il n’y a pas si longtemps que ça, jusqu’à ce que j’aie cette conversation avec Luca Cittadini. Suivez bien tout ce qui va suivre dans cette interview vidéo ou retranscrite, parce que vraiment, je vous garantis que vous allez changer votre façon de voir le yoga et autres choses de la vie…
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Luca, c’est une personnalité ultra attachante, mais surtout, un exemple à suivre à plein de niveaux… Il pratique le yoga de façon très traditionnelle et personnelle depuis à peu près 40 ans (une broutille !), mais en plus il est allé explorer (et il continue de le faire) la branche du yoga compétitif.
Ah oui, je sais : ça va hurler ! Mais vous allez l’écouter et vous allez voir à quel point l’exercice lui apporte beaucoup… Il est même allé jusqu’aux championnats du monde 2 fois, dont la dernière fois jusqu’en Chine pour aller défendre ses couleurs de l’Italie. Il est arrivé 4e, c’est le champion d’Europe en titre de yoga compétitif. Vous allez voir que, non seulement il a beaucoup à nous apprendre au niveau du yoga, mais en plus, de toute sa philosophie de vie.
Aujourd’hui, son parcours l’a amené à aller un petit peu plus loin dans sa démarche écologiste et bienveillante. C’est devenu carrément un militant. Il est porteur d’un message très fort… Je suis impatiente que vous découvriez ça !
Voilà je vous laisse avec mon invité. J’espère vraiment que vous aurez autant de plaisir que moi à l’écouter et j’espère surtout qu’il va changer votre façon de voir les choses pour le meilleur <3
Du Yoga Soixante-huitard au Yoga Bikram
Jess : Je vous présente aujourd’hui Luca Cittadini, la star des podiums du yoga compétitif.
Luca : Mais non ! Mais qu’est-ce que tu dis ?! Tu le dis si tu veux, mais c’est vraiment un détail très peu important. Mais tu fais ce que tu veux…
J : Alors pourquoi je voulais absolument t’interviewer, même si on se connaît bien
puisqu’il faut dire quand même que Luca, c’est le papa d’une très bonne amie à moi
avec qui j’ai été formée au Yoga Bikram en tant que prof.
Donc pour moi, je vais te dire le portrait que je ferais de toi. Pour moi, tu représentes tout le positif du yoga et j’ai l’impression que tu fais partie de ces rares personnes qui ont vraiment compris l’essence du yoga. C’est-à-dire que pour moi tu respires yoga, tu vis yoga, tu penses yoga pas dans le sens où tu es obsédé par le yoga, mais dans le sens où tu appliques les préceptes du yoga à fond ! Tu as peut-être quelque chose à dire par rapport à ça ?
L : Tu me flattes un peu à me dire comme ça… Disons que j’essaye. Je ne sais pas si j’y arrive, je ne sais pas si j’ai bien compris, mais il me semble oui, que le yoga me fait du bien et évidemment pas seulement au point de vue physique, qui est la partie la moins intéressante si on veut, mais au point de vue de se sentir un peu plus à l’aise et en harmonie avec soi-même et avec les autres.
J : On se connaît depuis quelques années, mais on ne se connaît pas non plus hyper profondément, mais voici l’image que j’ai de toi : j’ai l’impression que tu es un peu le yogi soixante-huitard, c’est-à-dire que tu as quand même cette connexion-là avec un style de vie un peu un peu plus « roots » (dans le sens positif du terme), c’est-à-dire : revenir à l’essentiel, etc. J’ai l’impression que tu as incorporé le yoga quand même bien avant qu’il ne soit à la mode. Et pourtant, il me semble que c’est Pauline (donc ta fille qui est mon amie) qui t’a amené vers le yoga Bikram puis, vers le yoga compétitif. Comment tu expliques ce cheminement-là et qu’est-ce que ça t’apporte de te retrouver sur scène devant des juges, un public, des gens qui vont noter ton travail en yoga ?
L : On va revenir dès le début. J’ai commencé à faire du yoga quand j’avais à peu près 20 ans. J’ai fait du yoga pendant une année avec une prof de yoga. Le yoga n’était pas du tout à la mode à l’époque, il était très très rare. Il n’y avait pas de centre de yoga. C’est une femme qui avait appris le yoga je ne sais pas où. Elle faisait ça chez elle et pendant une année j’ai pratiqué avec elle.
Et la chose qu’elle m’a appris et qui est la base de tout ce qui est venu ensuite, c’est l’alternance de la force et du repos. Ces mots, je me souviens comme si c’était hier. On ne peut pas être fort si ne peut pas être détendu et on peut pas se détendre si on n’a pas la puissance pour faire ce qu’on a à faire de façon harmonieuse.
Puis, j’ai laissé tomber pendant une trentaine d’années, à peu près 35 ans, sauf que la chose que j’ai maintenue pendant tout ce temps-là, c’était la Salutation au Soleil, presque tous les jours et le Savasana, ce que Pauline et Mathilde, mes filles, m’entendaient appeler « Om ». Quand je rentrais du travail, je disais « je vais faire Om ». Je me mettais 5 à 10 minutes allongé, comme ça. Elles me regardaient un peu bizarrement.
Ça, j’ai continué tout le temps, justement pour alterner la fatigue, les efforts du travail, de la vie quotidienne avec un moment de repos et de reprise de forces.
Puis, à peu près en même temps que Pauline a commencé à faire du Bikram, j’ai repris le yoga, parce que j’y ai pensé pendant longtemps, pendant toutes ces années. Et l’occasion que Pauline commence, ça m’a redonné l’envie. J’ai recommencé un peu le « yoga du pays » (j’appelle comme ça une toute petite école ici) et puis, j’ai appris le Bikram aussi.
Le Bikram m’a amené dans le monde de la compétition. Ça me choque toujours un peu de mettre « yoga » et « compétition » ensemble, mais je sais que toi, tu n’as pas de malentendu là-dessus.
J : Mais c’est aussi pour ça que je t’interviewe, c’est pour casser un peu les fausses idées qu’on se fait là-dessus ! Pour moi, tu représentes justement cette espèce d’union parfaite entre le yoga purement traditionnel et dans la recherche de soi avec tes petites Salutations au Soleil depuis 30 ans tous les matins au réveil et cet exercice-là qui est quand même très « gymnastique ». Mais vas-y, je te laisse continuer…
L : C’est très « gymnastique », mais au fur et à mesure (et là aussi, je suis sûr que tu me comprends parfaitement) qu’on pratique du yoga, même (avec tous les guillemets qu’il faut y mettre) « avancé », on est obligé de prêter attention à ce que l’on fait, à comment marche son propre corps. Ça empêche notre tête de penser à autre chose : on est obligé de faire.
Quand on fait quelque chose, on n’a pas de place dans la tête pour avoir des pensées. Et là, on découvre un peu qu’on a du mal parfois à empêcher les pensées de venir d’elles-mêmes. Et on découvre qu’on n’est pas vraiment maîtres de nos pensées et qu’on ne doit pas les prendre trop au sérieux. Parce que si ce n’est pas vraiment nous qui avons les pensées, il ne faut pas y croire réellement. Ça, c’est l’aspect intéressant de la compétition parce que bien sûr, de monter sur une scène et de montrer ce qu’on sait faire devant des gens, c’est justement d’arriver à le faire comme si on était tout seul dans sa chambre.
La chose pour laquelle je m’entraîne avant une compétition, c’est surtout ça : de le faire comme si de rien n’était, comme s’il n’y avait aucune importance parce qu’en effet, ça n’a pas de grande importance d’arriver premier ou dernier. On est gagnant, et ça n’a aucune importance avec le podium, quand on arrive à le faire de façon tranquille devant toi, devant les juges, comme si j’étais tout seul chez moi le matin.
Le vrai défi de la compétition, à mon avis, c’est ça : de ne donner aucune importance à la compétition.
J : J’adore ta façon de voir les choses !
L'âge, le potentiel et ce qu'on en fait
J : J’ai oublié de préciser que tu es italien, de Bologne et du coup, c’est vrai que tu as commencé avec les championnats d’Italie. La première fois que je t’ai rencontré en championnat, c’était aux championnats d’Europe de Prague, en 2015. Tu concours dans la catégorie senior donc, tu as plus de 50 ans. Est-ce que je peux te demander ton âge ?
L : Oui bien sûr ! Je vais avoir cette année 60 ans. J’en profite pour dire une autre chose qui m’a étonné moi-même avant et probablement va étonner d’autres personnes…
Quand j’ai repris à pratiquer régulièrement du yoga, donc il y a 7-8 ans, j’ai vu que j’ai recommencé à me sentir en forme comme un peu avant. Et puis je me suis dit : « tiens, c’est super ça, c’est magnifique ! » J’ai continué et je me sentais de plus en forme et
j’ai commencé à me demander : « à un moment, ça va bien s’arrêter !
Je ne peux pas redevenir en forme comme je l’étais il y a 10, 20 ou 30 ans ! »
Eh bien cela s’est fait. Je me sens plus en forme maintenant qu’il y a 30 ans ! Mais je suis sérieux, hein ! Je suis le premier à être étonné, mais je suis sérieux, c’est comme ça !
Je ne suis pas capable encore de faire certaines choses avec mon corps, mais je suis encore capable de progresser en yoga, donc je fais des choses que je n’aurais jamais imaginé faire avant.
J : C’est exactement là où je voulais en venir ! Moi, ce que je trouve hallucinant depuis le temps que je te vois sur l’estrade à présenter tes postures (depuis plus de 5 ans), c’est que je te vois progresser à chaque fois. À chaque fois, tes postures sont plus affinées, tu es beaucoup plus souple, beaucoup plus fort, beaucoup plus stable et je trouve ça vraiment hyper inspirant. Ce que je constate en tout cas chez toi, c’est que le yoga ne t’aide pas simplement à « bien vieillir », il te laisse aussi cette marge de progression. C’est-à-dire que tu n’es pas du tout dans l’état d’esprit de maintenir ce que tu as et de ne pas décliner avec l’âge. Tu es plutôt dans l’exploration complète de toutes les possibilités que te donne le yoga et c’est formidable parce que du coup, ça transparaît aussi dans ta personnalité. Je ne sais pas si tu as toujours été comme ça, mais je te trouve très gamin et je dis ça avec beaucoup de tendresse parce que tu es très joueur, très enjoué, espiègle, blagueur, et je trouve que tu as la mentalité de ton corps en fait, c’est-à-dire tu es beaucoup plus jeune que 60 ans et en plus tu es papy, donc c’est magnifique, en fait !
L : Oui, j’ai toujours été un peu comme ça. Je le suis de plus en plus et je pense que le yoga et la méditation m’ont aidé beaucoup dans ce parcours. Mais là, j’ai développé une théorie !
J : Donne-moi ta théorie, je prends toutes les théories qui viennent de toi !
L : On entend parfois dire que le maximum du potentiel d’une personne on l’a grosso modo entre les 20-30 ans. C’est là qu’on arrive où notre potentiel est le plus grand possible. Après, il décline petit à petit, plus ou moins vite, jusqu’au moment où on meurt. Et là, je suis sûr que c’est vrai. C’est correct, mais attention : on parle du potentiel. Il y a une différence énorme entre notre potentiel et ce que nous en faisons !
Graphique représentant le potentiel de progression en yoga, fourni par Luca 🙂
Donc si tu vois les lignes du graphique, on monte jusqu’à 20-30 ans et puis ça baisse doucement. Mais nous, dans la réalité (ça c’est notre potentiel maximum) on est arrivé à même pas la moitié. Je ne sais pas à quel pourcentage, mais tout petit, ce qui fait que, même si le potentiel diminue avec l’âge qui avance, c’est quand on fait ce qu’on peut faire vraiment qu’on peut continuer à avancer très longtemps. Apparemment c’est comme ça puisque je le constate sur moi.
J : Et je le vois sur toi !
L : Tu dis que je suis comme un gamin, c’est vrai et je le prends comme un grand compliment (ému) parce que c’est vraiment la plus belle chose que l’on puisse me dire. Comme un gamin, maintenant j’ai hâte d’avoir 60 ans pour voir si je progresse encore ! Ça, c’est ce qu’on fait d’habitude jusqu’à, je ne sais pas, 15 ans ou 18 ans. Après, on n’a plus tellement d’intérêt à l’âge qui avance… Moi, je n’ai jamais été préoccupé par l’âge qui avance. La vieillesse ne m’a jamais préoccupé, mais maintenant, je recommence à avoir envie que ça aille vite pour voir où ça va m’amener. Ça c’est fou !
J : C‘est génial ! Donc tu es un petit peu impatient quand même. Pour un yogi qui médite et tout ça, tu as quand même cette excitation !
L : Non, Impatient comme un jeu ! Comme pour dire « à 60 ans, je peux encore faire ça ! »
J : Et ce qui est super drôle, c’est que récemment, tu t’es mis pour challenge de maîtriser l’équilibre sur les mains. Alors, tu en es où ?
L : Ah, ça avance petit à petit ! Mais tous les matins, je progresse un tout petit peu. Un jour, je crois que je pourrai arriver à faire une position sur les mains sans me lancer. Vraiment monter avec douceur et force. Il en faut encore un peu, mais je ne suis pas pressé… Et je ne suis pas pressé parce que la chose vraiment la plus importante c’est que bien sûr, on se fixe un but, on aimerait bien se mettre sur les mains, mais c’est le chemin qu’on fait pour y arriver qui est vraiment important.
Comme quand on va faire une belle balade à la montagne, on se dit : « tiens, je vais arriver à ce sommet ! » On n’est pas content QUE quand on arrive au sommet. Chaque pas, chaque détour peut nous montrer quelque chose. Le parcours que je vois pendant cette progression de yoga est magnifique ! Si j’arrive à faire vraiment la position sur les mains correctement ou pas, ça n’a pas beaucoup d’importance. Je pense que je peux y arriver, mais déjà, tout le parcours qui m’amène dans cette direction est tellement beau… C’est juste une direction, voilà. C’est à prendre comme une direction, pas comme un but en soi ! La question de Sankalpa (= le pouvoir de l’intention) : la direction vers laquelle on va.
L'auto-discipline en yoga et le partage
J : Ce qu’il faut vraiment que je précise, c’est que donc, tu es champion d’Europe en titre dans la catégorie Sénior, mais tu es seul dans ton entourage à avoir cette discipline du yoga (puisque Pauline est en longue pause avec ses enfants). Tu te maintiens cette discipline-là quotidienne, ce qui n’est pas rien, et tu travailles (et ça n’a rien à voir avec le yoga !). Et encore une petite précision : tu n’es pas prof de yoga.
L : Non, je ne suis pas prof de yoga. Je ne me sens pas capable d’enseigner. Je ne sais pas si j’ai quelque chose à apprendre à qui que ce soit. Je pratique tous les jours, mais voilà une autre chose : ça ne me coûte rien de pratiquer tous les jours. Ce n’est pas un effort, ce n’est un sacrifice. « Sacrifice », c’est un mot qui, dans mon vocabulaire, n’existe tout simplement pas ! Je ne comprends même pas ce que ce mot-là signifie pour les autres personnes.
Moi, je le fais parce que j’ai du plaisir tous les jours à le faire. Tous les matins je me réveille, je vais aux toilettes, je remonte, je me mets sur mon tapis et, une petite heure tous les matins, je pratique le yoga. Mais c’est une bonne habitude, agréable, ce n’est pas un effort. Je n’ai pas à me forcer pour le faire.
J : Tu prêches à une convaincue, mais il n’empêche que c’est admirable, parce qu’on peut être vite happé par l’envie de rester un peu plus longtemps au lit avant d’aller bosser ou, je ne sais pas, n’importe quelle sirène qui t’appelle pour aller faire autre chose que de bouger. Tu t’auto-motives, c’est vraiment très inspirant de voir qu’on peut totalement intégrer le yoga à son hygiène de vie peu importe l’étape de sa vie où on est, peu importe le niveau d’activités extérieures qu’on peut avoir et tout ça, encore une fois, sans avoir eu envie de creuser pour devenir prof. C’est quelque chose qui t’a déjà traversé l’esprit, de devenir prof ou pas du tout ?
L : Des fois, comme on me pose la question, je me pose la question à moi-même et je ne sais pas si j’en ai vraiment envie. Je me sens plus la mentalité de l’élève que du prof et j’aime bien continuer comme ça…
J : Ce qui fait que tu serais un formidable prof de yoga avec cette mentalité-là, justement ! Petite parenthèse…
L : Je trouve que tu as raison, parce que j’ai pensé évidemment à cet aspect-là. Je pense que ça pourrait être un aspect positif. Ça m’est arrivé quelques fois. Je n’arrive même pas à dire » de donner des leçons » parce que j’aime mieux appeler ça « pratiquer avec quelqu’un d’autre », quelqu’un d’autre qui peut-être ne connait pas le yoga et donc, je le fais avec lui.
Oui, ça m’est arrivé, mais je n’ai jamais vécu ça comme « donner des leçons », mais comme faire quelque chose avec un autre.
J : Plus dans l’idée de partage…
L : Exactement ! Puis, pour tout dire, il y a une autre chose qui ne me plaît pas trop : le côté « argent ». Je veux partager du yoga avec quelqu’un d’autre, je ne veux pas qu’il y ait de l’argent au milieu. Si jamais un jour, on ne sait jamais, ça devait arriver, ça pourrait être, je ne sais pas, de façon gratuite à la paroisse ou à la demande de gens qui n’ont pas de possibilités. Mais faire des leçons payantes : non. Ou alors si quelqu’un veut me payer, tout l’argent ira directement à des œuvres qui le méritent pus que moi.
L'engagement envers la société et les prochaines générations, au-delà du tapis de yoga
J : Alors, ça m’amène justement à l’autre chose dont je voulais parler… J’ai l’impression que ton engagement, tes convictions sont en train de prendre vraiment beaucoup plus d’ampleur que ce n’était le cas auparavant. Je suppose que tu as toujours eu cette mentalité très « écolo », très bienveillante envers la nature, les animaux, etc. Tu vis dans une maison qui est entourée de nature puisque j’ai eu la chance d’y aller. Mais là, tu es devenu carrément militant écologiste ! Ce qui est hallucinant, c’est que la dernière fois que tu t’es présenté aux championnats d’Europe de yoga, (c’était à Bordeaux), tu as fait le trajet de Bologne à Bordeaux en bus. Ça t’a pris plus de 24 heures, si je m’en souviens bien. Tu te présentais à une compétition de yoga internationale qui exigeait quand même que tu sois en forme et, par conviction écologiste, tu as voulu te mettre un petit peu en difficulté en choisissant ce mode de transport-là. Chapeau bas, monsieur !
L : Je ne me suis pas mis du tout en difficulté ! J’ai fait les choses comme je les sens. Il n’y a pas de contraste. Quand je le disais tout à l’heure, l’important quand on va en championnat de yoga, c’est dans la tête, beaucoup plus que dans le corps. Je n’aurais pas pu y venir d’une autre façon.
Si on dit que le yoga nous aide à être conscient de ce qui nous entoure et du fait qu’on ne fait qu’un avec toi, moi, les arbres, les abeilles, les vers, ce sont des belles phrases, c’est très bien, mais si on ne le met pas en pratique, on ne parle de rien ! On ne peut pas dire qu’on ne fait qu’un avec l’univers et puis… Non, je ne vais pas juger les autres… Je corrige la phrase : je ne me sens pas de dire ces choses-là et puis de prendre un avion en sachant que l’avion est le moyen de transport le plus polluant possible. Je ne sens pas de dire « Namaste, on est tous un » et puis de manger un bifteck d’une vache qui a vécu dans des conditions monstrueuses toute sa vie et dont je n’ai pas besoin.
Toutes les belles choses que l’on dit dans le yoga, il faut faire attention si on veut vraiment faire du yoga, si on est intéressé, si on est sensible, il faut les mettre dans la vie qui est en dehors du tapis parce qu’autrement c’est un jeu, mais de façon pas très belle…
J : Encore une fois tu es totalement exemplaire ! J’espère que tu vas vraiment inciter les
gens à adopter les huit branches du yoga et ne pas se concentrer uniquement sur la partie physique… Comment est-ce que tu t’imagines évoluer dans les prochaines années (on a compris que tu es très pressé de continuer ta progression, peu importe l’âge 😉) , Est-ce que tu aurais envie de transmettre ce mode de vie à tes petites-filles, par exemple ?
L : Oui, bien sûr ! Mais je pense qu’il n’y a qu’une seule façon pour vraiment enseigner quelque chose : c’est avec l’exemple, beaucoup plus qu’avec des discours un peu chiants
de grand-père à petite-fille. Le fait de me voir comme je suis…
Je suis quand même objectif et je sais que c’est une sorte d’atout que j’ai et que les gamins m’aiment bien, peut-être parce qu’ils me voient un peu comme eux. Ils voient un vieux qui agit, qui parle et qui sourit comme un enfant. Si je peux passer quelque chose, c’est comme ça.
J : En restant fidèle à toi-même et en étant porteur de toutes tes convictions et en faisant en sorte que ça transparaisse dans toutes tes actions. C’est magnifique ! Luca, j’étais déjà totalement fan de toi, mais alors là, je t’adore ! Quelles belles leçons de vie et de yoga tu nous donnes !
L : (Trèèèès ému 😢😍) Dans beaucoup d’année tu seras aussi une vieille yogi… (Rires 🤣)
J : Mais tu sais, une des plus grandes inspirations j’ai eues il y a quelques années, c’est quand j’étais tombée sur une vidéo sur Facebook d’une contorsionniste de 71 ans.
Je crois qu’elle était Australienne et ça m’a vraiment bluffée parce que, bien sûr elle n’était pas aussi souple qu’une contorsionniste de 15 ans, mais elle était plus souple que moi, sachant que je suis déjà pas mal élastique. Et je me suis dis : « 71 ans, donc j’ai 30 ans et quelques pour.. pour… continuer à entretenir ça »
L : Pour progresser !!!
J : Oui, pour progresser, tu as raison ! Disons ça : c’est « progresser » le mot !
L : À 59 ans, je vois que je progresse. Je ne sais pas si ça continuera pour une semaine ou
pour 10 ans encore, mais c’est agréable donc, j’y vais !
J : Tu as raison… C’est ça : il ne faut pas se mettre de date d’échéance. Il ne faut pas se mettre de limites. Il faut continuer à voir demain comme une occasion d’être encore meilleur aussi bien en tant que personne qu’en tant que yogi, travailleur, papy, papa… C’est vraiment ça : demain, c’est la chance de faire mieux !
L : Oui. Je te remercie vraiment beaucoup !
J : C’est moi qui te suis extrêmement redevable ! J’adore discuter avec toi. On devrait le faire plus souvent !
L : Ce qu’on a en commun, c’est qu’on ne se prend pas au sérieux. Ça c’est l’une des clés les plus importantes de la vie. Que ce soit dans le yoga, dans le travail, dans les questions profondes de la vie, il faut savoir rigoler de tout, surtout de soi-même.
J : Absolument, c’est très vrai ! Mais tu sais, ça c’est quelque chose qui vient avec la maturité quand même. À 20 ans, on n’est pas capable de ça. Donc quelque part tu vois, la progression en yoga est aussi liée à cette espèce de sagesse de « vieux » qui fait qu’on prend du recul et qu’on n’a pas tous ces enjeux à paraître, à se montrer sous son meilleur jour, tout ça. On tombe un peu les masques et on sait que l’apparence c’est bien, mais ce n’est pas ce qui compte.
L : Et en plus, on comprend que le masque qui nous rend meilleur aux yeux des autres, c’est une prison ! Il faut être comme on est, point.
J : De yogi à philosophe, merci !
L : Il y a énormément de liens, bien sûr ! Bon, il faut que je retourne à mon travail, Namaste ! Merci beaucoup.
J : Namaste ! Bon courage au travail. Merci 💞
Magnifique témoignage et merci pour ce partage.
Bcp de simplicité, d’humilité et de vérités sont dites.
Cet article m’a reboosté pour me remettre au Yoga car je vois que des bienfaits.
Luca parmi tant d’autres pratiquants est un très bel exemple inspirant.
Vieillir dans ces conditions, je signe tout de suite 🤣
Namaste !!
Ah, je suis contente de voir qu’on partage le même enthousiasme ! J’adore sa théorie sur l’exploitation du potentiel, je crois bien qu’elle me poursuivra toujours celle-ci ! Bonne reprise du yoga alors 😉